Les photographies 2

J’aime cette photographie, certainement parce que je n’en suis pas l’auteur. Quand je la regarde, je sais que ce n’est pas moi qui ai fixé ce moment, cette attitude parce que je sais que j’étais à côté du photographe et aussi parce que je ne l’aurais pas prise cette photo, enfin, je ne pense pas.
Quand je regarde le garçon sur la photo je ne regarde pas tout à fait mon fils mais plutôt celui du photographe. Quand je regarde le garçon sur la photo, j’oublie. J’oublie ma peur viscérale à sa naissance qui m’a poursuivie longtemps, trop longtemps, j’oublie mes nuits sans sommeil, j’oublie que lorsqu’il était petit il avait la fâcheuse manie de se volatiliser et que ses disparitions soudaines me laissaient anéantie, j’oublie ses cris, ses râles, ses fureurs, j’oublie la rogne de ses professeurs.
Quand je regarde le garçon sur la photographie, je vois son sourire, sa force, sa beauté, son humour, son côté cabotin, son charme, sa douceur et je l’admire.
Quand je regarde le garçon sur la photographie je regarde le fils du photographe et le mien.
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