De quoi ai-je l’air ?

La fréquentation des squares et jardins ces dernières années m’a confortée d’une impression latente concernant mon image. Lorsque les mères entrent dans un jardin public, c’est en conquérantes. Souvent elles connaissent les lieux, les gens et elles y règnent en impératrice dominant aussi bien le monde végétal que ce qui a trait aux enfants et aux jeux en particulier.
Et puis il faut le dire, non seulement elles sont mères mais en plus elles ressemblent à des femmes. Moi, non.
Je suis une mère, j’ai bien un corps de femme avec des attributs plus que convainquants mais il y a quelque chose alors qui ne ressemble pas à une femme chez moi. Je suis tenté de dire que c’est la tête. Quand je regarde les femmes dans les jardins, c’est toujours à la tête que je vois qu’elles sont des femmes, des vraies. Moi, je dois avoir un corps de femme avec une tête de gamine par dessus. Quelque chose d’étrange.
Puis il y a quelque jours, sûrement grâce au soleil réconfortant, je me suis dis que c’était une idée saugrenue, je n’avais pas plus une tête de gamine que les autres étaient impératrices. A la limite avais-je un cerveau un peu plus enfantin mais rien de plus, rien de grave en tout cas, rien qui ne se devine, rien qui ne se voit.
Alors hier, mercredi comme il se doit, au jardin, je surveillais attentivement mon loustic en pleine séance de charme avec deux filletes qui avaient le double de son âge. L’une tentait d’attrapper mon fils avec une corde et comme il bougeait beaucoup la corde bougeait autant que lui et passait de la taille au cou. Je réagis rapidement en interdisant le jeu en expliquant l’équipée dangeureuse. La petite fille me regarda intensément puis me demanda si j’étais la mère du petit garçon, certainement étonnée de ma réaction. J’approuvais et là elle me dit :
– je croyais que tu étais sa baby sitter.
Si jusqu’à présent j’avais donné le change avec les adultes, inutile de tricher avec les enfants. Même mes cheuveux blancs ne m’ont pas aidé.
 
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